- BALÉARES
- BALÉARESSeul archipel de la Méditerranée occidentale, peuplées de 750 000 habitants en 1989, d’une superficie de 5 014 kilomètres carrés, les Baléares constituent la plus petite région autonome d’Espagne. Elles doivent au tourisme de masse leur prospérité mais aussi de graves problèmes écologiques. L’insularité qui fonde la principale originalité des Baléares se trouve à la base de particularismes très accusés.MajorqueComme son nom l’indique, Majorque est la plus grande île de l’archipel (72,5 p. 100 de la superficie totale), la plus peuplée, la seule à porter une grande ville, la seule enfin qui soit d’une grande diversité régionale. Le Pla constitue la principale région agricole; c’est une aire de bas plateaux et de collines qui occupe le centre de l’île entre une chaîne de plissement alpin longue de plus de 80 kilomètres au nord et une série de petits massifs calcaires résiduels, au sud. La chaîne septentrionale, orientée sud-ouest nord-est, est un prolongement des chaînes Bétiques et s’élève à près de 1 500 mètres. Elle tombe brusquement sur la mer et protège de la tramontane la plus grande partie de l’île. L’importance précoce de la ville de Palma de Majorque tient à sa position de relais sur les routes maritimes, à égale distance de la Sardaigne, de la Catalogne et du Maghreb. Au lendemain de la reconquête par les Catalans, en 1229, un système de baux emphytéotiques fixa à Majorque une population nombreuse de petits paysans assurant l’approvisionnement en froment de Palma. La propriété citadine se développa seulement à partir du XVe siècle, à l’occasion d’une récession du grand commerce libérant des capitaux qui s’investirent dans la propriété foncière. En dépit de son recul ultérieur, la propriété citadine joua un rôle essentiel dans le développement de l’arboriculture commerciale. L’amandier et le caroubier gardent encore une place essentielle dans les paysages. Mais, dans l’économie, c’est désormais le tourisme qui assure la plus grosse part du produit intérieur brut et emploie l’écrasante majorité des actifs. Le tourisme a procuré en outre d’importants débouchés aux produits locaux dérivés de l’agriculture et de l’artisanat: chaussures d’Inca, perles artificielles de Manacor, broderies de San Llorens. Il a entraîné également un appel considérable de main-d’œuvre, notamment pour la construction et le fonctionnement de l’hôtellerie. D’où une importante immigration en provenance de toute l’Espagne et une élévation du niveau de vie qui place les Baléares au premier rang des régions espagnoles pour le revenu par tête. En 1991, on recensait 252 000 places dans les hôtels et 118 000 dans les appartements, soit respectivement 27 et 31 p. 100 de l’ensemble de l’Espagne. L’essor du tourisme de masse remonte au début des années 1950: le nombre des touristes doubla entre 1950 et 1955, et passa le cap des 500 000 en 1961. Ils venaient alors essentiellement par bateau. Ils dépassaient les 2 millions en 1970 et les 3 millions en 1973, représentant un tel déferlement que les effets néfastes sur l’écologie et les sites commencèrent à devenir graves. Le décret transformant le grand marais de Majorque en parc naturel ne fut ratifié qu’en 1988. Avec plus de 11 millions de passagers en 1990, l’aéroport de Palma venait au deuxième rang parmi ceux de la péninsule Ibérique, juste après Madrid. C’est l’été principalement que se succèdent les avions nolisés chargés de touristes en provenance de toute l’Europe.Palma constitue désormais une grande agglomération qui rassemble la moitié de la population de l’île: 320 000 habitants pour la commune en 1989. Ancienne cité dominant les campagnes environnantes, elle n’est pas devenue pour autant un centre de décision mais un des plus importants centres de loisirs d’Europe.MinorqueCinq fois moins étendue que Majorque (701 km2), Minorque en est aussi très différente. C’est une plate-forme battue par les vents, constituée par un socle ancien au littoral très découpé au nord, et par un plateau calcaire karstifié et bordé de hautes falaises au sud. Colonisée par des paysans de l’Ampurdan au moment de la reconquête, ils ont marqué les paysages de leur empreinte et, en dépit de la sécheresse plus forte qu’à Majorque, la dispersion de l’habitat et le nombre des vaches laitières au pâturage ne laissent pas de surprendre ainsi que l’existence de moyennes et de grandes propriétés maintenues grâce à la vieille coutume de l’hereu (héritier unique). L’importance et la précocité des activités industrielles (fabrication de chaussures et, surtout, agro-industrie du fromage «fondu») sont également un élément insolite qui semble revenir aux initiatives d’une bourgeoisie d’affaires locale qui s’était enrichie au XVIIIe siècle, à l’époque des occupations britanniques, grâce au commerce du blé et à la guerre de course. De cette époque date le choix de Mahón comme capitale qui, au fond d’une calanque profonde, a longtemps constitué une base navale de première importance que les Anglais occupèrent à diverses reprises au cours du XVIIIe siècle. Le tourisme s’est développé plus tardivement qu’à Majorque, mais l’aéroport international a toutefois accueilli près d’un million et demi de passagers en 1990.Ibiza et FormenteraCes deux îles jumelles, les Pityuses des Anciens (de 623 km2), sont remarquables par la sécheresse du climat, l’importance de l’ensoleillement et la prédominance des roches calcaires. La population paysanne y vivait chichement de la culture sèche, de l’orge principalement. Le tourisme de masse y a déferlé à partir de 1966 à la suite de l’aménagement d’un aéroport international qui traitait près de 3 millions de passagers par an vingt ans plus tard. La petite bourgade d’Ibiza, devenue la deuxième ville des Baléares avec près de 30 000 habitants (1989), rassemble désormais la moitié de la population des Pityuses et se transforme, chaque été, en une ville cosmopolite de plaisir et de fête.Malgré leurs dimensions réduites, les îles Baléares sont diverses par leurs paysages, leur histoire et leurs sociétés. Quarante ans de tourisme de masse n’ont pas eu raison de cette diversité et, en dépit de sérieuses atteintes à la beauté des sites et aux équilibres écologiques, elles ont conservé leurs personnalités respectives.Baléaresarchipel de la Médit. au large de Valence, communauté autonome de l'Espagne depuis 1983 et région de la C.E., comprenant cinq îles princ. (Majorque, Minorque, Ibiza, Formentera et Cabrera); 5 014 km²; 767 900 hab.; cap. Palma de Majorque. Ressource princ.: tourisme.— L'archipel, conquis en 1229 sur les Normands par Jacques Ier d'Aragon, forma un royaume indépendant (1276-1343), puis revint à l'Aragon.
Encyclopédie Universelle. 2012.